L'alchimie
du complot...
|
Les conclusions
physico-chimiques des conspirationnistes nécessitent à
elles seules une page entière.
A ce niveau d'approximation, ce n'est plus de la
chimie, mais de l'alchimie...
(Une
rubrique visée par René, merci à
lui pour son aide !)
Le physicien
Steven E. Jones est le premier 'scientifique' qui a
lancé l'hypothèse de l'utilisation de
la thermite, puis de la thermate, pour la découpe
des colonnes du WTC au moment de l'effondrement.
Qu'est-ce
que la thermate ?
La thermate
est un mélange de thermite (2Al + Fe2O3), de
nitrate de baryum (Ba(NO3)2) et de soufre (S). La thermite
est un incendiaire qui permet une découpe rapide
de l'acier (voir la vidéo de la rubrique sur
la page Mensonges).
D'après
Jones qui cite ce
brevet en référence, le mélange
de thermate est constitué classiquement de thermite
à 69 %, 29 % de nitrate de baryum, et 2 % de
soufre. Le nitrate de baryum et le soufre sont surtout
présents pour permettre l'ignition de la réaction
thermitique qui sans cela serait très difficile
à déclencher. La réaction qui se
produit est alors la suivante :
2Al + Fe2O3
= Al2O3 + 2Fe
Il est
important de noter que si c'est la thermate qui est
utilisée, le nitrate de baryum (en forte proportion)
devrait donner une couleur verte à la réaction,
contrairement à ce qu'affirme Jones (jaune paille).
Les plus curieux qui voudraient refaire un petit tour
en enfance peuvent aller vérifier là.
Le problème c'est que dès qu'il est fait
une objection, Jones passe allègrement de la
thermite à la thermate et inversement, sans que
le contradicteur ne sache plus trop s'il faut s'attaquer
à l'une ou l'autre. La thermite donne bien la
couleur jaune, mais s'il y a présence de soufre,
c'est de la thermate, qui elle est verte avec le baryum
! On tourne vite en bourrique !!
Le soufre,
lui, n'a qu'un effet limité sur l'acier, il limite
sa coulabilité et le fragilise. Il peut, dans
certaines proportions, constituer avec le fer un eutectique
dont le point de fusion est alors plus bas que celui
de l'acier (1000 °C contre 1500 °C).
Les échantillons étudiés
Ils étaient
constitués de trois morceaux d'acier prélevés
sur les ruines du WTC, dont deux au moins proviennent
apparemment de colonnes du 55ème étage.
Si l'hypothèse que ces échantillons sont
"purs" est acceptée, c'est à
dire qu'ils n'ont pas subi d'autres réactions
chimiques que celles ayant eu cours durant les attentats,
nous pouvons nous intéresser aux résultats
des analyses.
Les
résultats
Les analyses
ont consisté à passer les échantillons
au microscope électronique : fluorescence X et
analyse à la micro-sonde. Notons que l'analyse
à la mico-sonde ne permet de scruter qu'une infime
partie de l'échantillon et en surface.
Une analyse
quantitative plus poussée aurait été
intéressante sur le plan scientifique. Là,
on nous parle de traces, d'abondance (!) mais aucun
chiffre pour une base de discussion...
Les résultats
obtenus ont fait apparaître
:
* la prédominance
de l'élément fer
* la présence
de chrome en très faible
quantité
* fluor,
manganèse, soufre
et aluminium en quantités
plus ou moins 'abondantes'
* enfin,
le soufre s'est attaqué à l'acier, créant
une sulfuration (FeS - sulfure de fer) de surface.
Ce qui
aurait été très pertinent d'un
point de vue scientifique, c'eût été
de faire des analyses identiques sur des aciers issus
de démolitions ou d'incendies et qui auraient
eu à subir des conditions similaires. En tout
cas, c'est ce qu'auraient fait des personnes souhaitant
"appliquer la méthode
scientifique" (copyright Jones dans son
diaporama, défense de rire...).
Les
conclusions
Etant donné
que la thermate contient au moins 2% de soufre, pour
Jones tout cela ne fait aucun doute, c'est bien de la
thermate qui a été utilisée pour
sabrer les tours...
Commentaires
et analyses...
Les conclusions
proposées par Jones à partir de l'analyse
de ces trois échantillons sont assez remarquables
de simplicité... mais aussi d'un sacré
culot !
- Si le
soufre est le témoin de la présence de
thermate sur les colonnes du WTC, où est donc
passé le nitrate de baryum
qui est 15 fois plus important en quantité que
le soufre ? AUCUNE de ses analyses n'y fait référence
! Bizarre non ? Evaporé le baryum ?
- Le chrome
et le manganèse sont
des composants que l'on retrouve classiquement dans
l'acier (fer + carbone)
selon les propriétés mécaniques
souhaitées. Le rapport du Nist
donne les différents types d'acier et leurs additifs
(chrome, manganèse, vanadium, cuivre...). L'aluminium
utilisé en façade des tours pour recouvrir
l'acier était aussi pourvu de manganèse,
de l'ordre de 1
%.
- Le fluor
est aussi un élément assez commun sur
400 000 m² de bureaux. Ce composant se retrouve
bien sûr en grande quantité dans le polytétrafluoroéthylène
(abréviation : PTFE, plus connu sous le petit
nom familier de téflon) dont il n'est pas la
peine de faire la liste exhaustive des utilisations
(protections, isolations, membranes, habits, etc...).
Jones, lui, ne parle jamais de téflon mais de
polytétrafluoroéthylène "utilisé
dans les charges de thermite" : le terme scientifique
fait beaucoup plus sérieux et impressionne ne
serait-ce que par sa longueur...
Le fluor
était aussi extrêmement présents
dans les 7 bâtiments du complexe WTC au travers
du système de climatisation qui utilisait encore
du fréon, un gaz interdit depuis quelques années
en raison de son effet néfaste sur la couche
d'ozone. Près de 100 tonnes étaient utilisées
pour la climatisation de l'ensemble des bureaux. Ce
gaz étant plus lourd que l'air se situait au
cœur des décombres et constituait un
réel danger pour les secouristes.
- Le permanganate
de potassium (KMnO4) a aussi été
avancé comme étant un oxydant dans les
réactions thermitiques et les traces trouvées
dans les analyses (potassium
K et manganèse Mn)
sont considérées comme autant de preuves
de la présence de thermate... Malheureusement,
les conclusions sur le potassium sont tout aussi hasardeuses
que le manganèse puisque, là aussi les
sources de cet élément pouvaient être
nombreuses dans les tours du WTC : béton, produits
pharmaceutiques, fertilisant pour les plantes, détergents,
cuisine (!)...
- Enfin
la présence de soufre, et plus précisément
la sulfuration de l'acier nécessite un petit
développement...
Le soufre...
La sulfuration
de l'acier a été révélée
pour la première fois dans le rapport de la FEMA.
A haute température (environ 1000 °C) le
soufre attaque l'acier pour former du FeS.
La question
qu'il faut préalablement se poser est donc :
d'où peut bien provenir ce soufre et comment
a-t-il interagit ?
Au passage,
notons que Jones ou F. Henry-Couannier affirment dans
leur diaporamas respectifs qu'un "mélange
eutectique de fer et de soufre a pénétré
et attaqué l'acier entre les grains"...
C'est complètement aberrant : un mélange
eutectique est justement l'association de deux éléments
liquides qui se comportent ensuite comme un corps pur.
Il ne peut donc y avoir de réaction entre les
constituants !
Le dioxyde
de soufre (SO2) capable de créer cette sulfuration
de surface peut provenir de beaucoup de sources : la
combustion des matériaux de bureaux, des véhicules
dans les parkings, de la réaction de l'aluminium
avec le plâtre ou carrément de la décomposition
du plâtre...
En effet
il se trouve que le soufre est un des composants principaux
du gypse (CaSO4) qui sert d'élément de
base à la fabrication du plâtre. Il a été
montré dans des articles antérieurs aux
attentats, qu'il était possible de décomposer
le gypse selon les deux réactions suivantes :
CaSO4
+ CO --> CaO + CO2 + SO2 en présence
de monoxyde de carbone et à partir de 1000 °C.
3CaSO4
+ 2Al --> 3CaO + Al2O3 + 3SO2 lorsque l'aluminium
fondu s'écoule sur du plâtre...
Greening
a donné les références de toutes
ces recherches dans son papier.
Compte
tenu de la quantité de plâtre utilisée
dans les tours (protection incendie des colonnes, cloisons
séparatives, etc...) il va sans dire que la masse
de soufre nécessaire à la sulfuration
de l'acier était des milliers de fois supérieure
à ce qui était nécessaire. De plus,
suite à l'effondrement des tours, ce plâtre
s'est retrouvé pulvérisé dans l'atmosphère
et sur les décombres du WTC, s'insinuant dans
tous les interstices.
En comparant
la capacité de production de dioxyde de soufre
de toutes les sources précitées avec la
quantité de soufre supposée utilisée
dans la thermate, les ratios apparaissent ridicules
et anéantissent complètement l'hypothèse
de Jones.
En effet,
Jones a évalué la quantité de thermate
nécessaire (après consultation d'experts)
à 1000 pounds soit environ 500 kg. Bien sûr
: il n'en fallait pas de trop pour des problèmes
de logistique. Le problème c'est qu'avec ce poids
là, la proportion de soufre est de 10 kg par
bâtiment (2% seulement dans le mélange),
à comparer à la masse totale d'une tour
évaluée selon les sources de 300 000 000
à 500 000 000 kg. A ce niveau de 'concentration',
le fait que les 10 kg provenant de la thermate aient
réagi avec 3 morceaux d'acier pris au hasard
relève d'un miracle à peu près
aussi osé que de trouver des traces de Jésus
Christ chez les Mayas...
C'est
bien que la quantité de soufre dégagée
a été bien plus importante et nécessité
les sources bien plus conséquentes citées
plus haut.
Il faut
également savoir, que même à froid
et sans parler de SO2, le plâtre est très
corrosif pour le métal, il n'y a qu'à
lire cet article (antérieur lui aussi aux attentats)
pour en être convaincu...
Titre
du document
Metallic corrosion in contact with synthetic gypsum
pore solutions and gypsum = Corrosion des métaux
en contact avec des solutions de pores synthétiques
de plâtre, et de plâtre
Auteur(s) / Author(s) : VERDU P. (1) ; GARCES P. (1)
; CLIMENT M. A. (1) ;
Affiliation(s) du ou des auteurs / Author(s) Affiliation(s)
(1) Universidad de Alicante, ESPAGNE
Résumé / Abstract
Des mesures du taux de corrosion de différents
métaux en contact avec du plâtre ont été
effectuées dans des solutions reconstituant l'environnement
électrolytique dans les micropores du plâtre
et d'éléments de construction de plâtre.
Les taux de corrosion de l'acier sont d'un ordre de
grandeur supérieur, dans une solution de pores
synthétique de plâtre, à ceux du
cuivre, du laiton et des aciers galvanisés. Toutes
ces valeurs indiquent des taux de corrosion plus qu'importantes.
Afin d'éviter cette corrosion sur l'acier, il
convient d'ajouter à cette solution du NaNO2
en concentrations au-dessus de 10-2 M. L'étendue
de la corrosion de l'acier pur, dans le plâtre
durci, est plus faible que dans le plâtre à
gros ou fins grains, probablement à cause de
la faible grosseur des particules et de la plus faible
porosité, qui en résulte. Le taux d'humidité
auquel sont soumis les
matériaux à base de plâtre, a une
forte influence sur le taux de corrosion de l'acier.
Revue ZKG international ISSN 0722-4397
Source 1997, vol. 50, no6, pp. 340-345 (4 ref.)
En y ajoutant l'air marin très salin et la quantité
d'eau déversée par les pompiers sur les
débris, le niveau de corrosion de l'acier n'est
plus une surprise pour un chimiste averti ! En tout
cas, pour le professeur Jones et bien d'autres, tout
cela est déjà un peu trop compliqué...
Enfin et
pour conclure, la fusion de l'acier au cœur des
décombres pendant plusieurs semaines après
l'effondrement peut également apparaître
suspecte et a fait couler beaucoup d'encre... En fait,
compte tenu de la somme de composés chimiques
présents sur 400 000 m² de planchers, parfois
incompatibles entre eux, qui ont été malaxés
et réduits en poudre et gouttelettes, enfouis
dans un amas de décombres recélant d'énormes
poches d'air (voir les films montrant les pompiers travaillant
dans les "cavités"), il n'est pas étonnant
que de puissantes réactions exothermiques se
soient produites, initiées par l'incendie préalable.
De plus,
avec l'énorme quantité d'eau envoyée
pour refroidir ces décombres, il est possible
qu'un autre phénomène ait été
mis en jeu, c'est celui d'une réaction entre
l'acier et la vapeur d'eau. En effet, un procédé
industriel utilisé dans le temps pour créer
de l'hydrogène consistait à faire passer
de la vapeur d'eau sur des particules de fer. Le fer
s'oxyde alors (absorption de l'oxygène) et l'hydrogène
est libéré. Si cette réaction s'est
produite, l'hydrogène pouvait alors réagir
avec l'oxygène ou d'autres composés pour
une réaction exothermique supplémentaire.
Ainsi, en déversant de l'eau sur les ruines,
il est possible qu'une partie ait servi à entretenir
des réactions chimiques et élever encore
la température ! Cela ne serait pas le moins
paradoxal dans cette histoire... Source
(bas de page).
|
|
|
Les Thermobariques,
la solution à tous vos problèmes ? |
(Une
rubrique écrite suite à un échange
de mail avec Hervé, merci à lui pour toutes
ses précisions !)
Frédéric
Henry-Couannier est un grand défenseur de la
thèse des thermobariques : il affirme que ce
sont ces armes qui ont facilité l'effondrement
et permis de pulvériser le béton des planchers
du WTC .
Qu'est
ce qu'une arme thermobarique ?
Des
notions préalables sur les explosifs dont
le texte ci-dessous est extrait...
Rappelons
que, dans l’immense majorité des cas, une
réaction explosive peut être comparée
à une combustion extrêmement rapide, plusieurs
centaines de mètres à la seconde dans
le cas d’une déflagration, plusieurs kilomètres
à la seconde dans le cas d’une détonation.
Une réaction de combustion se produit lorsque
de l’oxygène se combine à un corps
réducteur en libérant de l’énergie
sous forme de chaleur, et lorsque la chaleur produite
suffit à entretenir la réaction. C’est
ce qui se passe dans un poêle, une cheminée,
une bougie, un incendie de forêt, etc.
On distingue traditionnellement
les explosifs, selon leur composition, en deux classes
: les mélanges explosifs et les explosifs simples.
Dans les mélanges explosifs, on associe un ou
plusieurs produits avides d’oxygène (carburants)
à un ou plusieurs produits propres à en
libérer lorsqu’ils sont chauffés
(comburants). C’est, par exemple, le cas de la
poudre noire, des mélanges nitratés ou
des mélanges chloratés bien connus des
enfants turbulents. Dans les explosifs simples, une
seule molécule contient le comburant et le carburant.
Le comburant est simplement fixé au carburant
par une liaison faible, facile à rompre avec
une faible énergie. Lorsqu’une telle molécule
est rompue, et si la température de combustion
est atteinte, elle se recompose en plusieurs molécules
à liaisons fortes, en libérant beaucoup
d’énergie. Cette énergie libérée
est suffisante pour rompre plusieurs autres molécules
et fournir la chaleur nécessaire à la
combustion des « morceaux » de carburant
produits avec l’oxygène libéré
de ses liaisons faibles. Dans cette catégorie,
on trouve la plupart des explosifs militaires (TNT,
pentrite, hexogène…) et certains explosifs
civils, comme la nitroglycérine utilisée
dans les dynamites. La plupart des explosifs simples
sont de type nitré. En général,
les mélanges explosifs, à moins d’être
très fortement amorcés, déflagrent,
tandis que beaucoup d’explosifs simples détonent
assez facilement.
Les
thermobariques sont une catégorie particulière
de mélanges explosifs. Leur particularité
est d’utiliser comme comburant l’oxygène
disponible dans l’air ambiant. L’idée
générale est de reproduire délibérément
les phénomènes à l’œuvre
dans les explosions accidentelles de gaz, les «
coups » de grisou, de poussier, les explosions
de silos… On peut aussi évoquer ce qui
se passe dans le moteur de votre voiture : l’essence,
ou le gazole, est mélangé à de
l’air. Le mélange comprimé fait
explosion et une infime quantité de carburant
peut ainsi déplacer un véhicule de plus
d’une tonne. Tout l’intérêt
de l’affaire est d’économiser le
poids et le volume du comburant, qui constituent la
majeure partie du poids et du volume d’un explosif
« classique ». Pour fixer les idées,
dans les meilleures conditions de mélange et
d’allumage, un kg d’essence libère
en brûlant plus de dix fois l’énergie
libérée par l’explosion d’un
kg d’explosif militaire standard.
Ainsi,
la thermobarique est une arme dont l'explosif ne contient
pas son carburant et son comburant mais seulement son
carburant. Pour le faire détonner c'est l'oxygène
de l'air qui est utilisé comme comburant. Pour
cela il faut disperser le carburant dans l'air (en général
avec un petit explosif classique), puis déclencher
la combustion.
Le résultat
est une forte montée en température et
en pression : thermobarique vient du grec thermos et
baros.
Les armes
thermobariques sont intéressantes car, comme
du poids est gagné sur le comburant, à
masse égale, l'explosion générée
est nettement plus puissante. Par ailleurs, cela permet
de déclencher l'explosion sur tout un volume
plutôt que sur un point précis ce qui est
plus efficace comme arme anti-personnel : une explosion
thermobarique est capable de contourner une protection
balistique puisqu'elle permet d'atteindre des soldats
qui n'auraient pas été blessés
par une arme à fragmentation classique, au fond
d'une tranchée ou derrière un muret par
exemple.
Ce sont
les Russes qui ont le plus développés
ce genre d'arme notamment pour le combat urbain avec
des lance-roquettes d'épaule (RPG 29, RPG 32,...),
mais les autres pays en ont fait également. Le
fonctionnement thermobarique est utilisé aussi
sur de très grosses bombes comme la fameuse "Father
of all bomb" russe, d'une masse de 7100 kg
qui produit une explosion équivalente à
44 tonnes de TNT (par comparaison, Hiroshima c'était
12 000 tonnes d'équivalent TNT).
Le fonctionnement thermobarique
implique :
|
A)
L'énergie n'est pas concentrée mais
s'exerce un peu partout à la fois. C'est
parfait pour son rôle anti-personnel mais
très peu efficace en anti-bâtiment
ou anti-blindage où on recherche au contraire
à concentrer l'énergie en un point
précis (cas de la charge creuse). Quand
une charge thermobarique explose dans un bâtiment
on constate que les gaz enflammés sortent
par toutes les ouvertures. Il faut comprendre
que la pression s'exerce dans tout les sens, vers
le haut, le bas et les 4 murs à la fois.
Si la pression ne peut s'évacuer suffisamment
rapidement par les ouvertures, et en fonction
de la solidité du bâtiment, il peut
arriver que le toit soit soulevé ou qu'un
ou plusieurs murs soient soufflés.
B)
La difficulté de ces armes, c'est d'obtenir
un mélange aussi homogène que possible
entre l'air et le carburant, sinon tout ça
n'explose pas très bien. Bien entendu il
n'est pas question d'obtenir un mélange
exactement stœchiométrique mais il faut
quand même s'en approcher. Les roquettes
thermobariques sont parfaites à l'intérieur
des bâtiments car le volume d'air d'une
pièce est suffisant pour l'explosion (et
la surpression est maximisée par le confinement).
En revanche les grosses bombes ne peuvent être
utilisées qu'en extérieur sinon
il n'y aurait pas assez d'air. |
L'application au
WTC
Point
A :
Concernant
le WTC, sur un étage, la surface des planchers
est bien plus importante que celle des murs, or
la force exercée par une pression est proportionnelle
à la surface sur laquelle elle s'applique.
L'explosion thermobarique aurait donc soufflé
les planchers bien avant les colonnes de la façade.
Elle n'est donc pas adaptée pour détruire
la structure d'un bâtiment tel que les tours
du WTC.
Point
B :
Compte
tenu de la géométrie très
particulière des étages (très
grande surface par rapport à la hauteur)
et même s'il n'y avait que très peu
de cloisons internes (bureaux en 'open space')
il aurait été impossible d'obtenir
une bonne répartition du carburant. Cela
aurait provoqué de grosses flammes plutôt
qu'une explosion, un peu comme la photo qui illustre
la page d'accueil du site où le mélange
air-kérosène n'a pas pu se faire
de manière adéquate compte tenu
de l'énorme quantité de carburant.
|
|
Or, ces
flammes ne sont nullement visibles sur les images des
effondrements : juste de la poussière, les fameux
"squibs", comme sur la vidéo ci-dessus.
Frédéric
Henry-Couannier écrit sur le powerpoint à
disposition sur son site : "Ces
nouvelles explosions sont beaucoup plus puissante et
destructrices et chacune détruit un ou plusieurs
étages tout entier d'un seul coup (pulvérise
le béton et souffle les colonnes externes) :
ce sont des explosions de thermobariques dont le principe
est la dispersion d'un gaz explosif comme l'hydrogène
dans tout le volume d'air d'un étage à
détruire avant de declencher son explosion. Ces
pulses sont beaucoup plus étalés et beaucoup
moins piqués que ceux d'explosifs conventionnels
au contact, donc pas de crepitement sec d'explosions
mais plutot les pulses se succedant rapidement, donnant
l'impression d'un grondement continu".
Hervé
conclut lui ainsi :
J'en déduis qu'il n'a jamais
vu l'explosion d'une arme thermobarique :
_1
La pression étant répartie sur une surface,
le béton peut céder, il peut être
fracturé mais il n'est pas pulvérisé.
_2
L'explosion est certes un tout petit peu plus étalée,
mais très peu en réalité. La détonation
reste quand même très forte, impossible
de la confondre dans un grondement continu, d'autant
que là on parle d'armes de très forte
puissance, pas d'une simple roquette thermobarique.
Pour
moi il n'y a pas eu d'explosion thermobarique dans les
WTC : on aurait vu des flammes énormes (tapez
thermobarique dans dailymotion ou youtube pour vous
en convaincre), et de toute façon ça n'aurait
pas été un choix judicieux pour détruire
une structure. Dire que les thermobariques sont : "les
plus puissant explosifs non nucléaires mis au
point par l'homme", c'est ronflant, mais ça
ne signifie pas grand chose.
Il ajoute
en outre que les gens ont beaucoup de fantasmes quant
aux capacités des "technologies militaires".
Le nécessaire secret militaire et les films américains
à grand spectacle en sont sûrement à
l'origine. Les militaires, fussent-ils américains,
ne disposent pas de technologies extraterrestres. C'est
un peu facile d'asseoir un discours en le clôturant
par : "la technologie militaire le permet",
sous entendu : "une technologie secrète
et bien plus avancée que la technologie civile".
Cela présente surtout l'avantage d'impliquer
au passage l'armée et donc le gouvernement.
Quand les
militaires veulent détruire un bâtiment
ils peuvent le faire à distance par des missiles,
des obus ou des bombes d'aviation. S'ils ont accès
à ce bâtiment ils vont le miner et le faire
sauter de l'intérieur en reliant les charges
avec des fils et en utilisant des composants qui se
retrouvent, pour l'essentiel, dans le civil. C'est comme
ça que les unités du génie travaillent,
quel serait alors l'intérêt d'utiliser
des charges commandées à distance ? Si
on mine un bâtiment c'est, par définition,
qu'on y a accès, la commande à distance
n'est d'aucune utilité. Alors évidemment
il est possible de commander à distance des charges
explosives, notamment avec des téléphones
portables, les terroristes le prouvent quotidiennement
en Irak et en Afghanistan. Mais là il ne s'agit
plus de technologie militaire et il est hautement improbable
de parvenir à déclencher comme ça
des dizaines d'explosions avec des microretards précis
au dixième de seconde.
A noter
également une nouvelle et prometteuse liaison
intermoléculaire mise en évidence par
F. Henry-Couannier dans son diaporama : "Des
témoignages de sensation de raréfaction
de l'oxygène semblent indiquer que le fuel a
pu fixer l'oxygène avant le déclenchement
véritable de la réaction explosive (!?)".
Les chimistes connaissaient déjà les liaisons
faibles, fortes (et d'autres...) mais ce nouveau et
révolutionnaire concept de "fixation"
de l'oxygène sur le fuel mériterait un
développement de la part de FHC.
Mais il
ne s'arrête pas là et affirme par ailleurs
à propos de l'effondrement : "De
telles accélérations anormales s'expliquent
facilement et ne sont pas étonnantes du tout
si on admet l'usage d'explosifs. Car certains explosifs,
les armes thermobariques, que nous considérerons
plus loin, ont la propriété de générer
et maintenir des dépressions colossales surtout
en zones confinées (galeries, bâtiments)."
(page 56). "Une énorme dépression
qui tire la structure vers le bas" (page 272).
C'est là
une légende urbaine à propos des armes
thermobariques qui est colportée par wikipédia,
notamment, et qui prétend que l'oxygène
consommée crée un "vide"...
Cela ne peut satisfaire quiconque à quelques
notions élémentaires de chimie puisque
à toute consommation d'oxygène par un
produit carboné est associée la création
de monoxyde ou de dioxyde de carbone. Ce n'est donc
pas cela qui crée une dépression mais
plutôt un effet "mécanique" lié
à la propagation de l'onde de choc. Comme pour
toute onde, après un pic (surpression), il se
trouve un creux (dépression). D'autre part, pour
cette onde, l'amortissement est très important
ce qui fait que la dépression est nettement plus
faible que la surpression. Enfin, toutes les fenêtres
de l'étage ayant été soufflées,
par quel miracle les planchers seraient "aspirés"
et pas les poussières bien plus légères
? Rien de tel n'est pourtant visible sur les vidéos
! Encore une fois, tout cela n'est pas très cohérent
sur le plan scientifique.
Concernant
les démolitions contrôlées,
une autre vidéo intéressante à
verser au dossier : celle d'une démolition
par vérinage (donc pas
d'explosif), où le tiers supérieur
d'un bâtiment est désaxé
et s'effondre sur la partie inférieure...
Le
processus bien entendu ne s'interrompt pas,
et vous pourrez noter les 'squibs' si caractéristiques
qui font beaucoup fantasmer les conspirationnistes.
Au
vu du nuage 'd'apparence pyroclastique',
il serait intéressant de
savoir sur cet immeuble de faible hauteur (20
étages à tout casser...) la quantité
de béton pulvérisé, le
tout sans aucune explosion !!! |
|
Autre
petit film qui, avec le précédent,
anéantit toutes les théories avancées
par les conspirationnistes, c'est celui de l'effondrement
partiel de la tour Windsor de Madrid
en 2005.
On
y voit que toute la partie métallique
cède peu à peu :
elle n'a tenu en place que de manière
temporaire, le court délai gagné
étant dû aux nombreux points d'ancrage
à la structure en béton
armée qui, elle, a
très bien résisté.
Au
passage, des coulées sont
visibles le long des façades...
Simples éléments incandescents
? Acier ou aluminium en fusion ? Thermite ?
Thermate ?
Je
laisse cette question à la sagacité
des nombreux et savants analystes d'images vidéos
trouvées sur le net...
|
|
...à
lire aussi sur le site de reopen le texte écrit
par "un
professionnel d'une entreprise de démolition
qui souhaite garder l'anonymat" : ce qu'il
écrit tend plutôt à accréditer
la thèse officielle que celle des conspirationnistes.
Il explique très bien les "squibs",
les détonations entendues dans les sous sols
et l'effondrement final par effet mouton...
|
|
|
|
|
De mystérieuses
poussières... |
L'analyse des
poussières recueillies sur les lieux de l'effondrement
est une nouvelle marotte pour Jones et consorts...
Outre le fait
qu'il est difficile de savoir exactement d'où sortent
ces échantillons (cœur de l'effondrement ? 50, 100,
200, 500 m ??) il est possible d'y trouver tout et son contraire.
C'est une vraie cour des miracles...
Les échantillons
qui ont été prélevés de
manière rigoureuse, ont été identifiés
avec le lieu et la date du prélèvement.
Certains
ont permis d'évaluer la toxicité
des résidus en différents endroits...
Les analyses
ont été conduites et les métaux
les plus présents ont été quantifiés.
Le moins
que l'on puisse dire, c'est que rien d'exceptionnel
n'a été relevé, en tout cas rien
qui donne des indices pour une quelconque présence
d'explosif. |
|
Les résultats
sont conformes aux attentes avec notamment une forte concentration
de Calcium provenant du plâtre (Ca et SO4) et du béton
(Ca, Si et Al) pulvérisés. Les
métaux sont issus, eux, d'éléments
structuraux ou de réseaux de second œuvre : électricité,
plomberie...
Tous les résultats
à venir donnant des résultats miraculeux devront
donc être pris avec des pincettes et il faudra s'assurer
que les échantillons n'ont pas été trafiqués
!!
Notamment en
cas de découverte de résidus de thermate non
consummée ('chips' rouges dans les diaporamas de F.
Henry-Couannier reprenant les résultats de Jones) dont
on trouverait la trace à tous coups parmi le million
de tonnes de décombres (soit 1 000 000 000 kg) !...
Rappelons que Jones a évalué la quantité
nécessaire à 500 kg par bâtiment au départ.
Combien en resterait-il donc à l'arrivée
après combustion ? Surement beaucoup
moins...
Retrouver de
tels résidus de thermate dans ces conditions ne relève
plus de la science mais d'une sacrée baraka... Autant
jouer au loto.
|
... et toxiques ? |
Il est possible
de lire à plusieurs endroits que la toxicité
de l'air ambiant serait une nouvelle preuve de la théorie
du complot interne... Un exemple d'article ici.
Le rédacteur
écrit : Les Héros
du 11/9 ont été laissés de côté
par un gouvernement qui refuse toujours de couvrir les frais
médicaux d’une grande majorité de ceux
qui ont été touchés, car le faire serait
admettre sa culpabilité.
Si on veut bien
réfléchir 30 secondes, cette calamité
sanitaire est bien la preuve, non pas d'une grande science
du complot de la part de l'administration Bush, mais au contraire
de sa totale incompétence...
Qui pouvait raisonnablement
penser que les tours, construites au temps de l'âge
d'or de l'amiante, avaient généré au
moment de l'effondrement un air pur et vivifiant ??
C'est bien la
preuve que l'administration Bush a fait preuve
d'un amateurisme total en ne prenant pas toutes
les précautions d'usage ! Car si nous imaginons qu'effectivement
le complot interne est la "bonne" thèse,
que tout a été bien pensé, millimétré,
que la DC ne peut être soupçonnée, que
tout est verrouillé... pourquoi envoyer des milliers
de sauveteurs et ouvriers à la mort tout en sachant
que cela allait être révélé à
moyen terme par la survenue de centaines de mésothéliomes
? Chez de potentiels héros en plus ! Ce serait vraiment
gâcher, pour ne pas dire ruiner, un travail d'orfèvre
!!!
Non, ce nouveau
scandale montre tout simplement que Bush a vraiment été
en dessous de tout, sur ce cas comme dans bien d'autres...
Maintenant, est-ce qu'un tel niveau d'incompétence
est passible d'une enquête et d'un procès ? C'est
là un débat de juristes qui dépasse bien
sûr mes compétences. |
|
|
Les effets du feu... |
Les feux et
incendies, qui ont été un élément
majeur dans les attentats du 11 septembre 2001, ont donné
lieu à de nombreux délires de la part des
partisans de la théorie du complot interne...
Je commencerai
par m'intéresser à l'incendie du pentagone
puis à ceux du WTC.
Les feux
d'avions...
Suite à
l'impact de l'avion sur la façade et son entrée
dans le bâtiment par la brèche créée
au rez-de-chaussée, un important incendie s'est développé
à l'intérieur du Pentagone.
(La dernière
photo a été postée par MagicalMysteryFlights
sur le site Reopen,
les autres sont issues du site de J.-P.
Desmoulins)
Certains se
sont étonnés des faibles dégâts
observables sur la façade, mais il faut savoir qu'elle
avait été renforcée en prévision
d'attentats ! D'autre part, peu d'éléments
de l'avion avaient été retrouvés à
l'intérieur du bâtiment alors que dans un même
temps, des restes humains avaient permis d'identifier 90%
des passagers du vol 77...
Pour
ce qui est des restes de l'avion, l'accident d'un
avion d'Air France qui a causé un incendie
détruisant l'ensemble de la carlingue montre
bien que même sans combustible (les ailes
qui contiennent le carburant sont intactes) la carcasse
peut se consumer complètement et sans aucun
apport extérieur.
|
|
Par contre,
et paradoxalement, les graisses humaines ont beaucoup plus
de mal à se consumer... Il faut atteindre des températures
de 2500 °C pendant 3 heures pour la combustion complète
d'un corps humain. Pour plus de détail voir là...
C'est pour
cela que de nombreux restes ont pu être identifiés
dans la carcasse du vol 77. Pour des raisons évidentes,
j'ai réduit la taille des photos mais les plus curieux
trouveront facilement ces photos qui ont été
fournies par les autorités américaines et
qui montrent des corps calcinés encore attachés
sur leur sièges.
Les feux
dans les bâtiments...
Pour ce qui est
de l'effet des feux sur les bâtiments les exemples
d'effondrement sont, malheureusement, encore plus nombreux.
L'un
des plus célèbres et qui a été
mis en exergue par les conspirationnistes (par erreur
ou désir de tromper l'auditoire, je vous laisse
juge...) est bien sûr l'incendie de la tour
Windsor de Madrid en 2005. C'est là une magnifique
démonstration que le béton résiste
assez bien au feu... et l'acier très mal !
Les "bétonneux" ne s'en sont pas
privés pour en faire un sujet de propagande
du béton contre l'acier car, comme
nous l'avons vu précédemment, c'est
justement toute la partie en acier de la tour qui
s'est effondrée.
|
|
|
Autre
exemple à gauche avec une patinoire de l'Insep
ravagée par les flammes.
Et
le triste et célèbre exemple ci-dessous
du lycée Pailleron qui a résisté
à un incendie... 15 minutes.
Normal, c'était la durée pour laquelle
la stabilité au feu avait été
calculée, pour des raisons... économiques.
Rappelons
qu'en France, cette durée est au maximum
de 2 heures, même pour les immeubles de
grande hauteur... Cela ne veut pas dire qu'un bâtiment
ne tiendra pas plus longtemps, mais en tout cas
l'assurance, elle, ne court que sur deux heures.
Mais
aussi un hangar d'avion en Belgique...
(cité
sur le forum de hardware.fr)
|
...Ou
le magasin Innovation qui s'est effondré à
Bruxelles dans les années 60 en causant plus
de 300 morts.
Dans
la panique, comme pour le WTC1 et 2, des personnes
prises au piège se jetaient dans le vide...
Source
|
|
Et pour le
cas qui nous préoccupe me direz-vous ? Et bien je
vous propose deux photos extraites du document
de Mark Roberts et qu'il a trouvées dans les
différents rapports de la FEMA. Celle de gauche présente
une colonne du WTC5, celle de droite une colonne d'un bâtiment
situé au n° 90 sur West Street.
Il faut souligner
que seul le feu a bien sûr causé ces dommages.
Pas de crash d'avion, pas de kérosène...
Rappelons aussi
que les modèles de feu standard utilisés dans
les codes de calcul peuvent sous-évaluer la température
lorsqu'on est en présence de mobilier
de bureau, d'ordinateurs, d'appareils électriques,
de plastiques polymérisés...
(source)
Cela explique
pourquoi ces colonnes ont tant souffert, malgré la
présence de protection incendie visible sur la colonne
de gauche. Si de telles ruines ont pu se produire sur des
bâtiments adjacents au WTC7, avec des apports calorifiques
équivalents, il serait bien extraordinaire que cela
n'ait pu se produire sur le bâtiment 7 !!!
Le problème,
et nous l'avons vu, c'est
que ce bâtiment avait un talon d'Achille (ou plutôt
3) lié au désaxement du bâtiment par
rapport aux fondations initialement prévues. Si les
trois portiques chargés de redistribuer ces charges
sur les fondations ont été exposés
de la même façon que ces colonnes en illustration,
inutile
d'aller cherche plus loin les raisons de l'effondrement
du WTC7 !
|
|
Des articles peer-reviewed
ou pire-reviewed ? |
Le physicien
Steven E. Jones se targue d'avoir publié ses résultats
dans des revues à comité de lecture... regardons
cela d'un peu plus près.
Sur la forme...
Il est possible
de recenser chronologiquement :
1er
Article :
Fourteen
Points of Agreement with Official Government Reports on the
World Trade Center Destruction
Authors: Steven
E. Jones, Frank M. Legge, Kevin R. Ryan, Anthony F. Szamboti,
James R. Gourley
The Open Civil Engineering Journal,
pp.35-40, Vol 2.
PDF
Création
de la revue : 2007 (5 articles publiés), envoyé
par Jones en mars 2008...
2ème
Article :
Environmental
anomalies at the World Trade Center: evidence for energetic
materials
Authors: Kevin R. Ryan, James R. Gourley, and Steven E. Jones
The Environmentalist, August, 2008
PDF
Après
ces deux premiers articles qui se bornaient plus à
des constatations qu'à exposer une nouvelle théorie,
un troisième est sorti, beaucoup plus explicite sur
la supposée présence de thermite dans les décombres
du WTC :
3ème
Article :
Active Thermitic
Material Discovered in Dust from the 9/11 World Trade Center
Catastrophe
Authors: Niels H. Harrit, Jeffrey Farrer, Steven E. Jones,
Kevin R. Ryan, Frank M. Legge, Daniel Farnsworth, Gregg Roberts,
James R. Gourley, Bradley R. Larsen
The Open Chemical Physics Journal,
pp.7-31 (25), Vol 2.
PDF
Création
de la revue : 2008 (10 articles publiés), envoyé
par Jones en août 2008...
Notons que Jones
a choisi des revues assez récentes n'ayant encore aucune
reconnaissance sur le plan scientifique : celles chez l'éditeur
Bentham n'avaient même pas un an d'âge !! Cela
amène à relativiser la portée de telles
publications.
Ajoutons que
cet éditeur est connu pour avoir du mal à trouver
des reviewers, des articles, et faire payer ses publications
! Source
1, Source
2, Source
3.
Sur le fond...
Plusieurs personnes
ayant les compétences requises se sont penchées
sur les 'résultats' présentés. Tout cela
laisse à désirer. Rappelons que suite à
la découvertes de 'chips' bicolores, Jones a conclu
avoir trouvé un produit thermitique n'ayant pas encore
réagi.
La
conservation des échantillons
Ils ont été
prélevés par des particuliers sans les précautions
d'usage, cela n'assure dont en rien contre la possible contamination
par différentes substances n'ayant rien à voir
avec les évènements de 11/09. Néanmoins,
comme ces constatations sont faites sur quatre échantillons
prélevés en des lieux différents
(reproductibilité des résultats) nous
pouvons supposer raisonnablement que ces substances étaient
réellement présentes dans les décombres
et plus particulièrement les poussières générées.
La
'contamination'
Dans ce nouvel
article, Jones, pour expliquer la présence en quantité
de Ca (calcium) ou de S (Soufre) dans ses analyses invoque
cette fois-ci la présence de quantité de gypse
(plâtre) dans les tours... Ah bon ? Ce soufre ne vient
donc plus issu de la thermite comme soutenu
depuis des années ?
Avec ces conspirationnistes,
il va falloir changer la citation : "Souvent Steven E.
Jones et ses disciples varient. Et bien fol qui s'y fie"...
Le
magnétisme
Pourquoi les
'red/gray chips' sont-elles magnétiques ? C'est au
moyen d'un aimant que les fameuses 'chips' ont été
séparées du reste des autres poussières.
Greening, docteur
en chimie, affirme que des résidus de thermite ne seraient
pas attirés par un aimant et suggère de creuser
cette piste pour trouver l'exacte provenance de ces éléments...
Source
Le
type d'essai
Pourquoi ne pas
faire une analyse par diffraction de rayons x qui lèverait
toute ambiguïté ? Source
Un
pouvoir calorifique ridicule
Le problème
est que même si ces éléments étaient
effectivement de la thermite, le pouvoir calorifique d'une
telle épaisseur (mesurée par Jones entre 10
et 100 micromètres) serait ridiculement faible par
rapport à l'énergie nécessaire pour faire
fondre de l'acier. Même en revêtant toutes les
faces de la poutre, la température de celle-ci ne s'élèverait
que de quelques degrés. Source
1, Source
2, Source
3.
L'interprétation
des résultats
Comme souvent
avec Jones (je ne rappellerai pas ici l'épisode de
la fusion froide ou de Jésus chez les Mayas, cela a
été évoqué par ailleurs) c'est
là que le bât blesse le plus. Vous pourrez voir
une synthèse dans la rubrique immédiatement
en dessous : Des termites dans l'analyse.
|
|
Des termites dans l'analyse |
L'idée...
Suite à
la découverte de métal fondu le long de la façade,
les conspirationnistes ont émis l'hypothèse
que c'était dû à l'utilisation de thermite,
un mélange incendiaire à la réaction
très violente et qui peut fondre de grandes épaisseurs
d'acier. Il a même été avancé que
cela avait pu sectionner
les colonnes observées sur les ruines
du WTC.
Coulée de métal
fondu |
Poudre de thermite avant réaction |
Action supposée sur les
colonnes |
|
|
|
Nous allons voir
quels sont les indices avancés pour l'utilisation de
cette technique, notamment dans l'article paru en avril 2009
: Active Thermitic Material Discovered in Dust from the
9/11 World Trade Center Catastrophe, Niels H. Harrit,
Jeffrey Farrer, Steven E. Jones, Kevin R. Ryan, Frank M. Legge,
Daniel Farnsworth, Gregg Roberts, James R. Gourley, Bradley
R. Larsen, The Open Chemical Physics Journal,
pp.7-31 (25), Vol 2. PDF
Ces indices ont
été examinés à la loupe sur différents
forums par des scientifiques ou ingénieurs spécialisés
en chimie (Greening),
métallurgie (Sunstealer)
ou recherche spatiale (Mackey).
Des fils de discussion
ou sites à lire : forum
d'un ancien truther (Urich), forum
jref, blog
des debunkers italiens.
Les indices
à la loupe...
OBSERVATION
GROSSIERE
Pour justifier
son hypothèse de thermite, Jones a analysé la
poussière recueillie en différents endroits
près des effondrements. De ces échantillons,
il a extrait au moyen d'un aimant des 'chips' : des écailles
d'origine inconnue et bicouches, une de couleur grise, une
de couleur rouge.
Les 'chips' bicouches extraites par Jones au moyen d'un
aimant
|
source
à droite, photos issues de l'article
|
|
Il est vrai que
ces 'chips' peuvent faire penser à de la thermite (Cf.
photo plus haut) mais vu que ces éléments ont
été trouvés en quantité relativement
importante et assez systématiquement dans les échantillons
de poussière, Jones aurait aussi dû lire de manière
un peu plus attentive les rapports du Nist pour voir d'où
elles pouvaient provenir. Il aurait alors trouvé cette
photo...
... qui est tout
simplement de la peinture appliquée sur les
poutres du WTC qui s'est écaillée
sous l'effet de la chaleur ! La ressemblance n'est-elle
pas étonnante ?
C'est vrai qu'une
simple photo n'est pas une preuve et que dans la nature, les
sosies sont monnaie courante... Nous allons donc aller un
peu plus loin dans l'étude des 'preuves' proposés
par Jones.
OBSERVATION
AU MEB (Microscope
Electronique à Balayage - SEM en anglais)
Après
cette première observation macroscopique, les auteurs
de l'article sont bien sûr passés à une
observation plus précise. Un microscope électronique
a été utilisé.
Les deux couches
ont été scrutées, mais c'est surtout
la couche rouge qui a donné lieu aux plus forts grossissements
car c'est celle qui était censée contenir le
matériau thermitique devant réagir.
Ces photos font
clairement apparaître deux types de cristaux, ceux sombres,
sous forme de plaquettes souvent amoncelées, et d'autres
bien plus clairs et plus petits, sous forme de grains.
En plus de ces
images, Jones et ses coauteurs ont proposé des spectres
EDS qui permettent de déterminer le type d'éléments
chimiques présents. Ils sont parvenus à cibler
les deux types de cristaux ce qui a donné les spectres
suivants :
Chaque pic représenté
correspond à un élément et plus le pic
est important, plus l'élément est en quantité
abondante.
(a) concerne les
plaquettes et montre surtout la présence de carbone
(C), oxygène (O), aluminium (Al), silicium (Si).
(b) représente
les grains et signale la présence prépondérante
de carbone, d'oxygène et de fer (Fe).
La réaction chimique de la
thermite étant la suivante : |
|
Bingo !! |
Jones avait
effectivement dans ces spectres tous les ingrédients
pour réaliser sa petite cuisine, sauf que...
|
Sauf que si on
y regarde de plus près, et Sunstealer l'a fait de manière
assez précise dans ce
post, on s'aperçoit que les images prises au MEB
montrent des cristaux ressemblant de manière tout à
fait spectaculaire à deux composés parfaitement
connus.
Pour les plaquettes,
le produit correspondant est la kaolinite, un minéral
composé de silicate d'aluminium hydraté, de
formule Al2Si2O5(OH)4. La ressemblance est étonnante
: forme des plaquettes, superposition... De nombreuses autres
photos sont disponibles sur le net et à rapprocher
des précédentes. La formule moléculaire
est en parfaite adéquation avec le spectre fourni plus
haut (a) puisque les auteurs justifient pour partie la présence
de carbone par le processus opératoire.
Pour les grains
brillants, compte tenu du spectre obtenu, il apparaissait
logique de chercher dans les oxydes de fer. Il peut être
trouvé différentes formes de cristaux pour Fe2O3,
mais les formes rhomboïdales sont particulièrement
adaptées pour notre cas. En comparant avec le plus
fort grossissement fourni par les auteurs (photo située
à droite du zoom sur les couches grises et rouges)
la ressemblance est évidente.
Or, ces
deux produits, qui correspondent remarquablement avec les
observations des deux cristaux présents dans la couche
rouge, sont abondamment utilisés pour la composition
des peintures que ce soit le kaolin
(kaolinite) ou l'oxyde
ferrique (Fe2O3).
Pourquoi
Jones et ses coauteurs ont-ils évacué cette
possibilité ?
ANALYSE
DES SPECTRES
Comme nous l'avons
vu précédemment, les spectres EDS permettent
d'obtenir les éléments présents sur une
zone très ciblée d'un matériau.
Jones et ses
coauteurs ont donc réalisé plusieurs sondages
sur les couches rouges des 'chips'. Sur quatre échantillons
pris dans des prélèvements différents,
les résultats ont été très semblables
(figure 7 de l'article). Même ceux de F.
Henry-Couannier donnent des résultats très
voisins. Il aurait donc été intéressant
et logique de comparer ces spectres avec ceux obtenus avec
de la thermite du commerce qui a notamment été
utilisée pour l'article. Pourquoi cela n'a
pas été fait ?
Par contre,
lorsque Sunstealer, lui, a comparé ces spectres avec
ceux de la kaolinite combinée avec du gypse, la ressemblance
était frappante. La superposition des pics, des proportions,
est d'une concordance incroyable !! Et comme les auteurs reconnaissent
eux-mêmes que les échantillons ont pu être
contaminés par le plâtre présent en quantité
dans les tours la comparaison apparaît d'autant plus
pertinente...
En haut, le
spectre issu d'une étude sur la kaolinite, puis celui
de Jones, puis celui de FHC.
Compte tenu de
ce qui précède, ayant à disposition le
portrait, les empreintes digitales et l'adn des deux produits,
le lecteur conclura de lui-même quelle est la nature
la plus probable du produit rouge analysé.
Ainsi, à
l'heure actuelle et sans autre investigation, les
quatre échantillons analysés dans l'article
et dénommés a, b, c, et d, présentent
99 % de chance d'être de la simple peinture et non de
la thermite.
Le seul moyen
pour Jones de prouver qu'il ne s'est pas lourdement trompé
dans ses conclusions est de proposer une étude qui
montrera si l'aluminium est bien sous forme élémentaire
(Al - pour la thermite) ou combinée (Al2Si2O5(OH)4
pour la kaolinite).
La procédure
est très simple et rapide : il suffit de réaliser
une étude par diffractométrie
de rayons-X (DRX ou XRD en anglais). Si l'aluminium est
bien sous forme élémentaire (mais alors on peut
se demander où il se cache sur les images au MEB !),
l'hypothèse kaolinite tombera d'elle même, sinon,
il se dit que le ridicule ne tue pas...
Le fera-t-il
? That is the question !
LE PASSAGE
D'UN ECHANTILLON AU MEK
Pour prouver
leurs allégations, les auteurs ont aussi passé
un échantillon au MEK, un dissolvant. Ils l'ont trempé
pendant 55 heures avec des agitations fréquentes et
disent avoir obtenu ainsi une ségrégation de
l'aluminium. Bizarrement, ils ne nous la montrent pas.
En outre, l'échantillon
qui a été testé était TRES
DIFFERENT des quatre autres. Le spectre obtenu comportait
en effet des éléments qui n'étaient présents
dans aucun des quatre autres proposés.
Zinc (Zn - très
utilisé lui aussi dans les peintures), soufre (S),
chrome (Cr)... Cela montre que la comparaison avec les autres
'chips' n'est pas très pertinente.
De plus, la
très faible proportion d'aluminium par rapport
aux autres composants est suspecte pour un matériau
(la thermite) censé être a priori constitué
d'un mélange d'aluminium et d'oxyde ferrique !
Aucune image
précise n'est fournie des cristaux composant cet échantillon,
impossible donc de conclure.
QUELQUES
CONSIDERATIONS THERMIQUES
Enfin, le dernier
indice avancé par les auteurs de l'article est la découverte
de microsphères métalliques dans les échantillons
de poussière. Pour eux, c'est la 'preuve' que la thermite
a justement fait fondre l'acier...
Tout d'abord,
notons que le test calorimétrique (DSC)
censé évaluer le pouvoir calorifique des 'chips'
a été effectué à l'air libre.
C'est totalement incompréhensible
sur le plan scientifique puisque les auteurs souhaitaient
mettre en évidence une réaction thermitique
qui ne nécessite pas d'oxygène. Les
échantillons contenant du carbone, l'erreur devient
carrément une faute professionnelle
et rend caduque toute interprétation de l'énergie
dégagée lors des essais. Des tests en atmosphère
inerte (gaz argon ou autre) étaient indispensables
! La méthode utilisée est d'un non-sens incroyable
: même un débutant n'aurait pas commis une telle
bévue... Source
1, Source
2, Source
3.
En effet, comment
différencier dans les courbes obtenues l'énergie
qui provient du matériau thermitique supposé
et celle issue du carbone 7 à 8 fois plus énergétique
que la thermite à l'air libre ?
Le pouvoir calorifique
ainsi obtenu est donc totalement inexploitable. Il peut juste
être avancé qu'il est 3 fois moindre que celui
du... papier (!), c'est à dire une valeur ridicule
pour qui veut faire fondre des poutres en acier avec une simple
couche sur les poutres. L'élévation de température
à attendre d'un tel produit a été évaluée
à quelques degrés seulement (Source
1, Source
2, Source
3). Ce point particulier est développé
dans la rubrique qui suit celle-ci.
En outre, il
faut savoir que le genre de sphères extraites est régulièrement
trouvé dans les poussières et n'a
rien d'exceptionnel. Les debunkers italiens en avaient
même trouvé dans
un parc à Milan.
Sunstealer, qui
jusqu'à présent a fourni des informations remarquables
sur l'ensemble du sujet, a émis l'hypothèse
que l'oxyde ferrique présent dans la couche rouge a
pu s'agglomérer sous l'effet de la chaleur : incendies,
frottements, chocs... à confirmer.
Au final, il
semble se confirmer le complet fourvoiement de
Jones et ses co-auteurs.
Ces
nombreuses lacunes et erreurs de méthodologie montrent
que Jones et ses coauteurs, loin d'avoir une quelconque démarche
scientifique, ont tout simplement écarté toutes
les autres hypothèses sur la provenance des 'chips'
pour aller vers la seule et unique conclusion qui les intéressait.
Nous connaissions leur grave incompétence suite aux
articles publiés sur le site "journalof911studies",
nous pouvons maintenant clairement douter de leur honnêteté
intellectuelle.
SYNTHESE
|
|
De l'utilisation de la
DSC... |
Une
rubrique rédigée après la lecture de
nombreux articles et sous le contrôle de 'Badcow', intervenant
sur le forum
harware, et qui travaille sur les tests DSC à longueur
d'année, parfois même sur des explosifs...
Merci à lui !!
A quoi sert
une DSC ?
Le test DSC sert
à évaluer la quantité d’énergie
dégagée (ou absorbée) par une réaction
chimique, ainsi que sa plage d’occurrence. Le test se
fait dans une enceinte fermée sous ambiance contrôlée,
soit avec de l’air, soit avec de l’oxygène
pur (pour favoriser les réactions d’oxydoréduction),
soit avec des gaz inertes (argon par exemple) si le produit
testé possède son propre comburant
ou pour éviter éventuellement les oxydoréductions.
Pourquoi l’utiliser
pour tester les ‘chips’ ?
Il peut être intéressant
de caractériser le pouvoir calorifique de ces chips
pour le comparer à celui de la thermite puisque c'est
l'hypothèse avancée.
Comment se fait le test ?
Une fraction infime
de l’échantillon est placée sur une coupelle
que l’on va faire monter en température de manière
régulière, de 5 à 20°C/min classiquement.
La température est totalement contrôlée
c'est-à-dire que si la réaction est endothermique
(demande de l'énergie) il faudra chauffer davantage
la coupelle, si elle est exothermique (fournit de l'énergie)
il faudra la refroidir. C'est pourquoi un groupe frigorifique
est couplé au four pour éventuellement prendre
le relai.
Que peut-on dire des tests de Harrit et al. ?
D’abord ils
ont commis la grossière et incompréhensible
erreur de réaliser l’essai à l’air
libre. Comme l’échantillon contient du carbone,
celui-ci va subir une réaction avec l’oxygène
de l’air qui est exactement dans la plage testée
!
De plus le pouvoir calorifique du carbone (charbon) est 8
fois plus important que celui ‘attendu’ de la
thermite (35 kJ/g contre 3,9 kJ/g pour la thermite).
Donc même très peu de carbone peut fausser
grandement le résultat.
Pour s’en convaincre,
regardons les courbes du charbon et de divers produits issus
du traitement de déchets organiques :
|
Le test
est tiré de l'article suivant :
Simultaneous
thermogravimetric-mass spectrometric study on the co-combustion
of coal and sewage sludges, M. Otero, M. E. Sánchez,
A. I. García et A. Morán, Journal of Thermal
Analysis and Calorimetry, Vol. 86 (2006) 2, 489–495.
Les conditions
d'essai étaient les suivantes :
- Essais
en atmosphère d'air (flux de 0,1 L/min)
- Cinétique
de montée en température de 5°C/min.
Pouvoirs
calorifiques obtenus : 28,9 kJ/g pour C, 17,6 kJ/g pour
SSV et 9,5 kJ/g pour SSL (des boues d'épuration
séchées).
|
Ces courbes sont à rapprocher
de celle proposée par les auteurs sur une 'chip' (Fig.
29 de l'article, en bleu).
L’allure
de la courbe bleue est, avec ses deux pics à 290°C
et 440°C, extrêmement similaire à celle du
SSL. Bien sûr cela ne veut pas dire que les auteurs
ont testé des boues d'épuration : simplement,
l’allure de la courbe est la même ce qui prouve
qu’elle n'est absolument pas une signature irréfutable.
Il faut donc aller plus loin dans l'étude par une analyse
quantitative.
Par rapport à
l'échelle donnée, il est flagrant que la courbe
obtenue reste très en deçà de celle du
carbone.
En termes d’énergie totale,
la ‘chip’ illustrée en bleu a dégagé
1,5 kJ/g contre 3, 6 ou 7,5 pour d’autres ‘chips’
et 28,9 kJ/g trouvés pour le charbon dans l'article
d'Otero et al. C’est à la fois très inférieur
et très supérieur à ce qui est attendu
de la thermite (3,9 kJ/g), et surtout très variable
alors que le produit est censé être de très
haute technologie, utilisant les toutes dernières techniques
de pointe (au moins de 2001) d'après les auteurs.
En termes de puissance, c’est
tout aussi peu concluant puisque la puissance dégagée
est 3 à 4 fois moindre que celle des produits carbonés
: comme la montée en température est de 5°C/min
pour les tests sur le carbone, il faut théoriquement
multiplier par deux les puissances sur les courbes en noir
pour pouvoir les comparer avec celles de Jones (cinétique
de 10°C/min). Dans la pratique, le facteur multiplicatif
sera situé entre 1,5 et 2 car les rendements de la
réaction peuvent varier avec la cinétique de
montée en température. Remarquons aussi que
la montée en puissance est tout aussi prononcée
(et donc la réaction rapide) pour le SSL que la 'chip'.
Cette thermite
est donc très faiblarde que ce soit en termes
d'énergie ou de puissance pour affaiblir notablement
les colonnes du WTC. Sauf bien sûr à en mettre
des quantités très importantes...
Notons
que d’autres essais avec de l’oxygène pur
peuvent permettre d’améliorer le rendement de
la réaction pour le charbon : il est possible alors
de monter jusqu'à 35 kJ/g pour du charbon bitumineux
mais qui n'est certes pas le même que le précédent
(Heat Content of Coal by Pressure
DSC Robert L. Hassel, Ph.D.TA Instruments, 109 Lukens Drive,
New Castle, DE 19720, USA).
La nano-thermite
de plus près...
Observons dans
un premier temps les constituants de cette fameuse nano-thermite
: ils semblent très différents de ceux présentés
dans l’article !
Dans la formule nécessaire
pour lancer la réaction : |
|
il nous faut... |
Tout d'abord
l'aluminium (Al) à des tailles nanométriques
:
Image extraite
de :
Florida
State University college of arts and sciences, Stability and
degradation process of energetic materials, by Melissa Mileham,
a Dissertation submitted to the Department of Chemistry and
Biochemistry, in partial fulfillment of the requirements for
the degree Doctor of Philosophy
Ensuite
de l’oxyde ferrique (Fe203) :
Image extraite
de :
Enhancing
the rate of energy release from nano energetic materials
by electrostatic enhanced assembly, Soo H. Kim et Michael
L. Zachariah, Advanced Materials, 2004.
|
|
Pourquoi
les auteurs ne nous ont pas montré d'autres images
de nano-thermite et de leurs composants ? Sont-elles trop
différentes de leurs échantillons ?
Il y
en pourtant abondamment dans la littérature scientifique
!
Les
DSC des matériaux thermitiques…
Voyons maintenant ce que donne un test DSC sur un
échantillon de thermite...
Tiré du
document :
Characterizing
Energy Transfer using an Infrared Camera from a Reacting Nano
-Composite Thermite Embedded in a Steel Target by Charles
Crane, B.S.M.E. A Thesis In MECHANICAL ENGINEERING Submitted
to the Graduate Faculty of Texas Tech University in Partial
Fulfillment of the Requirements for the Degree of MASTER OF
SCIENCES IN MECHANICAL ENGINEERING - 2009.
La cinétique
de montée en température est de 10°C/min,
comme pour Jones et ses coauteurs, mais l'allure est très
différente de celle qu'ils ont présentée
! En fait, dans les différents articles traitant du
sujet, la position et l'intensité des deux pics dépend
grandement de la taille des constituants.
Mais en regardant
y de plus près, il est aussi notable que quelque soit
le matériau thermitique (par exemple aluminium et oxyde
de molybdène) un pic endothermique
(vers le bas) est observé la plupart du temps à
660°C. Cela traduit la fonte de l'aluminium.
Dommage que la courbe rouge de référence (Tillotson
2001) s'arrête sur l'article de Jones avant
cette température cruciale, heureusement d'autres sont
plus complètes. J'ai retrouvé l'article de Tillotson
- Journal of non-cristalline solides
- pp348-355 - mais il n'est pas précisé
le type d'atmosphère utilisée... d'où
peut être l'erreur commise par les auteurs ?
Tiré du document
:
Combustion
characteristics of Al nanoparticles and nanocomposite al+MoO3
thermites, par John Josepg Granier, B.S.M.E., M.S.M.E., MECHANICAL
ENGINEERING, Submitted to the Graduate Faculty of Texas Tech
University in Partial Fulfillment of the Requirements for
the Degree of DOCTOR OF PHILOSOPHY.
A noter que ces
tests sont effectués sous atmosphère
d'argon... Le pic endothermique a tendance à
s'atténuer avec l'augmentation de la finesse des particules
d'aluminium. La présence d'oxygène peut aussi
dans certains cas le réduire.
Mais où
est donc ce pic endothermique sur les courbes proposées
par Jones et ses coauteurs à la figure 19 de l'article
?
Ce serait
un sacré coup de chance que tout l'aluminium ait réagi
lors du pic exothermique ! Et si c'est dû au fait que
l'essai a été fait en atmosphère d'air
ambiant, ce serait une double faute de la part des auteurs
!
D'autres nano-matériaux thermitiques…
Il est aussi
possible de trouver d'autres types de nano-thermites...
Fig. 5. Scanning
electron microscopy images of different thermite compositions
prepared by mechanical mixing of starting nano-sized components
in a liquid solvent: a) Al–MoO3; b) Al–Bi2O3;
c) Al–WO3; and d) Al–CuO
Tiré du
document :
Metal-based
reactive nanomaterials, Edward L. Dreizin, Department of Chemical
Engineering, New Jersey Institute of Technology, Newark, NJ
07102, USA, Progress in Energy and Combustion Science 35 (2009)
141–167
Les images au microscope
électronique donnent toutes sensiblement la même
allure. Par contre, elles sont très différentes
de celles fournies pour les 'chips' rouges.
Concernant les sphères métalliques…
Que des sphères
se trouvent dans les poussières, rien d'anormal...
dire le contraire serait malhonnête.
Que des sphères
apparaissent après exposition à la torche
oxyacétylène (même mini),
rien d'anormal.
Que des sphères
apparaissent lors d'un test censé s'arrêter à
700°C, alors là, c'est très mystérieux
! En effet, un test DSC correctement calibré doit suivre
la courbe de montée en température prévue.
Aucune chance donc de faire fondre de l'acier, sauf
erreur de manipulation !!
Cela
constitue le tout dernier et vraiment seul mystère
de la 'chip' mystérieuse !!
Car pour ce qui
est de la provenance de ces 'chips' il n'y a plus grand suspens,
surtout en comparant les images fournies dans cet article
réalisé par des chercheurs français et
brésiliens (Incorporation of
kaolin fillers into an epoxy/polyamidoamine matrix for coatings,
A. Astruca, E. Joliff a, J.-F. Chailana,*, E. Aragona, C.O.
Petterb, C.H. Sampaiob, Progress in Organic Coatings 65 (2009)
pp158–168) avec celles de Jones et ses coauteurs.
Même floues, les images sont assez ressemblantes, ou
tout du moins, sont loin de remettre en cause l'hypothèse
de la peinture pour la couche rouge des 'chips'.
Vue
de la kaolinite dans des peintures de protection en
fonction de sa concentration
(étude des chercheurs français)
Vue
de la couche rouge des chips à des échelles
comparables
à
noter également l'excellente analyse,
très pédagogique, de Sunstealer ici.
Même les non initiés comprendront aisément
pourquoi les conclusions de Jones et ses coauteurs
sont totalement contraires aux résultats obtenus
!
(en
gros, les images et spectres fournis démontrent
par A+B qu'il n'y a pas pas d'aluminium
sous forme élémentaire, donc il ne peut
pas y avoir de réaction thermitique)
|
SYNTHESE
--------------------
Une vidéo synthétique --------------------
|
|
La mayonnaise de la conspiration |
Suite à
la lecture du livre d’Henri Broch
"Comment
déjouer les pièges de l’information"
j’ai été frappé par le parallèle
que l’on pouvait établir avec la rhétorique
conspirationniste.
Henri Broch, grand maître
de la zététique
en France, propose dans son ouvrage quelques Règles
d’or destinées à ne pas tomber dans
les pièges tendus par les tenants de croyances absurdes
et infondées, notamment celles liées aux charlatanismes
de tout poil : parapsychologie, astrologie, pseudo-sciences
ou pseudo-médecines, ovnis...
Ces pièges sont repérables par leurs effets…
Comme nous allons le voir, TOUS,
sans aucune exception, sont utilisés dans le discours
conspirationniste. Je me suis amusé à les retranscrire
ici tout en donnant des exemples concrets de l’usage
qui en est fait par les partisans de la théorie du
complot… Edifiant.
Effet bof ? : Egaliser
sans raison suffisante
Cela consiste à donner à deux suppositions
des probabilités égales de se produire sans
raison scientifique, souvent en s’affranchissant du
principe du rasoir
d’Occam.
Un exemple concret : les conspirationnistes mettent à
un même niveau de probabilité la chute des tours
du seul fait du détournement des avions, des crashs
et des incendies, et le fait qu’on ait pu mettre en
place une logistique démentielle avec des produits
d’une technicité incroyable voire totalement
imaginaire pour saboter les tours, détourner des avions
sans pirate (comment ?), faire disparaître un avion
et ses passagers (Pentagone), museler des fonctionnaires,
journalistes et scientifiques du monde entier, monter des
témoignages de toute pièce (Pentagone), falsifier
des communications téléphoniques des passagers
à leur famille, des test ADN, etc... (je pourrais écrire
encore 3 pages comme ça !) le tout sans fuites et pour
le plus grand complot de l’Histoire ! Bof...
Effet
boule de neige : Accumuler des détails dans un
récit de n-ième main…
C’est le cas classique de l’homme qui a vu
l’homme, qui a vu l’homme... qui a vu l’ours.
L'histoire s'enrichissant à chaque étape...
On trouve cela à la fois pour dans le discours qui
accrédite la thèse conspirationniste comme dans
celui de ceux qui veulent discréditer la version scientifique.
Pour défendre la thèse du complot interne, on
rapporte au final des piscines d'acier fondu ou des explosions
en séries dans les tours, le tout sans avoir bien sûr
aucune preuve matérielle… Juste des témoignages.
Autre exemple, lorsque Charles Balloche a expliqué,
sur France 24, que l’incendie aurait pu (le mode conditionnel,
est un mode inconnu du conspirationniste je le constate chaque
jour) se propager par les sous-sols jusqu'au bâtiment
7, c’est devenu au final une affirmation comme
quoi le kérosène était descendu depuis
l’impact, avait rampé dans les sous-sols pour
finalement remonter comme un grand dans le bâtiment
7 (lu sur le forum
Hardware).
Effet
escalade : Adhérence aux comportements et non à
la raison
Autrement dit : errare humanum est, sed persevare diabolicum.
Lors de la sortie
de l’article de Szamboti, j’ai expliqué
combien était inappropriée sa première
méthode, puis montré par a+b que ses données
venaient infirmer totalement la conclusion finale de l’article…
Certains pensent encore qu’il a raison !… (voir
forum
Reopen)
Effet
bi-standard : Modifier les règles du jeu
Exemple : si on vous dit que telle médecine douce
est efficace le croiriez-vous ? oui ! Si on vous prouve qu’elle
n’a aucun effet, arrêteriez-vous de l’utiliser
? Non !
Il en est de
même avec les truthers : si vous leur dites que les
tours ne pouvaient pas s’effondrer vont-ils vous croire
? Oui bien sûr ! Pas besoin d’ailleurs de beaucoup
argumenter.
Si par contre vous leur montrez qu’il était impossible
qu’elles résistent vont-ils abandonner leur théorie
? Oh que non !!!
Cette analyse
à géométrie variable est caractéristique
et récurrente...
Effet
petit ruisseau : Permettre par de petits oublis de grandes
théories
Dire que le dalaï-lama est le chef spirituel des
bouddhistes ou que le dalaï-lama est le chef spirituel
des bouddhistes tibétains... n’est bien sûr
pas du tout la même chose.
Des incendies
dans des IGH de structure totalement différente ont
été utilisés pour ‘démontrer’
que les tours n’auraient pas dû s’effondrer…
Bien sûr, on oublie de dire à chaque fois que
des structures en béton armé résistent
bien mieux en cas d’incendie que des structures en acier.
Effet
bipède : Prendre l’effet pour justifier la
cause
Ce n’est
pas parce qu’un phénomène est inexpliqué
qu’il faut chercher tout et n’importe quoi comme
en étant la cause : ce n’est pas parce qu’un
enfant ignore la provenance des jouets au pied du sapin que
c’est un argument en faveur de l’existence du
Père Noël.
La portion de
chute libre qu’a connue la tour 7 a été
quelque chose qui a beaucoup fait fantasmer les conspirationnistes.
Cela ne pouvait être dû qu’à une
démolition contrôlée. En fait, après
analyse du Nist, il a été montré qu’un
effondrement interne préalable était tout a
fait consistant avec la chute libre observée sur la
façade. De toute façon et jusqu'à preuve
du contraire, il n’a jamais été observé
de chute libre lors de la démolition contrôlée
d’un IGH.
Effet
cerceau : Admettre au départ ce que l’on
veut ensuite prouver
Cela peut consister, par exemple, à prendre
des hypothèses fausses dès le départ
pour arriver immanquablement aux conclusions recherchées.
Exemple : le
métal fondu s’écoulant d’une façade
n’a pas la couleur supposée de l’aluminium
fondu, c’est donc de l’acier.
L’acier ne pouvant pas fondre dans un simple incendie
de bureau c’est donc de la thermite qui l’a fondu.
CQFD…
Effet
puits : Faire un discours profond (creux) est efficace
Il a été montré que des thèmes
astrologiques peuvent être échangés sans
problème et que les individus s'y reconnaissent, c’est
bien que l’enrobage compte plus que le fond
C’est
ce qui est utilisé ad nauseum par les conspirationnistes
dans leurs vidéos, avec des raccourcis stupides, des
analogies foireuses. Le film Zéro est un cas d'école…
Il n’y a aucune démonstration, Dario Fo fait
de grands gestes devant son paper-board, mais il n’y
a aucun fondement scientifique… et pourtant, cela marchera
chez les personnes n’ayant pas un esprit critique suffisamment
aiguisé.
Effet
impact : Utiliser le poids des mots, la connotation
Par exemple, lors de tel accident, dire que la moto a
été accrochée ou percutée n’aura
pas le même sens.
Les conspirationnistes
utilisent souvent la signature de 600 architectes et ingénieurs
pour la pétition de Gage. Architectes, ingénieurs,
cela fait sérieux ! On oublie juste de dire qu’un
architecte ne fait jamais le calcul d’une structure
complexe, il laisse cela à des bureaux d’étude.
Quant aux ingénieurs signataires, 99 % n’ont
aucune idée du calcul de structures : ingénieurs
en chimie, informatique, électricité, il est
assez divertissant de lire cette liste… à savoir
aussi, civil engineering aux Etats-Unis ne signifie
pas génie civil : cela regroupe tout un tas d’autres
domaines.
Autre exemple, dans le film Zéro, Dario Fo est présenté
comme un prix Nobel… Cela frappe les consciences : un
prix Nobel !!! On oublie juste de dire que c’est de
littérature : effet petit ruisseau combiné !…
Effet
cigogne : Confondre corrélation et causalité
Ce n’est pas parce que les accidents de la route
sont plus fréquents à proximité de son
domicile qu’il est plus dangereux de circuler près
de chez soi.
Exemple d’erreur
commise avec la taille des particules de poussière.
La poussière a été analysée souvent
à plusieurs centaines de mètres des effondrements.
Il est normal qu’on ait retrouvé à ces
endroits les particules les plus volatiles donc les plus fines.
Il est par contre totalement erroné de conclure que
tout le béton a été pulvérisé
à cette taille de particule et de prendre ces analyses
comme référence, d'autant plus que les ces poussières
ne sont pas que du béton.
Effet
paillasson : Faire un choix trompeur des mots utilisés
"Essuyez-vous les pieds SVP" est marqué
parfois sur les paillassons, enlevez-vous alors vos chaussures
pour essuyer vos pieds ? Et pourtant...
Le
terme "pyroclastique" a été utilisé
pour caractériser le nuage de poussière généré
dans l’effondrement. Il est bien sûr totalement
inadapté dans la mesure où les caractéristiques
du nuage ne sont pas du tout les mêmes. Malgré
tout, il reste très utilisé et par sa racine
étymologique (pyros – feu) peut tromper
les gens en leur suggérant une analogie avec les explosifs…
Au final, nous
le voyons, cette rubrique a bien toute sa place dans l'Alchimie
du complot...
|
|
|